Autodidacte, la sculpture est pour moi le fruit d’un parcours de vie. Les paysages de bocage de la Mayenne et de l’Orne de mon enfance ont nourri durablement mon imaginaire et ma sensibilité, tout comme l’établi de mon grand-père, avec tous ses outils, monde fabuleux où tout devenait possible… Puis les voyages, Burkina-Faso, Brésil, Guyane, ont imprégné mon esprit des cultures de ces pays, du rapport à la nature à travers l’art. J’ai par la suite développé une passion pour les arts primitifs, qui accompagnent ma démarche artistique. Brestoise d’adoption, ce sont désormais les forêts finistériennes qui nourrissent mon imaginaire.
Le contact avec la matière brute ramassée en forêt est ma première source d’inspiration. La matière déjà travaillée par les éléments stimule mon imagination. Je travaille avec le bois. Il ne s’agit pas de forcer la matière, en lui imposant une forme, mais de découvrir au fur et à mesure ce que le bois me révèle. A l’instar de Brancusi , je considère que la matière a « son individualité propre que nous ne pouvons pas détruire à notre guise, mais seulement lui faire parler sa propre langue ».
Je cherche à traduire dans le bois des émotions, des états d’âme. Une sculpture sensible et en mouvement. Tour à tour brutal ou sensuel, mon geste cherche à creuser, à amplifier les cavités et orifices déjà présents dans le bois, pour leur donner du sens, ou à travailler tout en douceur les courbes du bois, à la recherche d’une harmonie et d ‘une délicatesse qui éveille les sens.
Le bois de mes sculptures peut être brut, ciré, rehaussé de pigments, d’encre de Chine ou de brou de noix. Les sculptures n’ont pas de titre, pour laisser libre cours aux interprétations et à l’imagination.