Les murs de peinture de Pascale Morelot-Palu explorent la puissance du geste comme transcription du sentiment de l’artiste ravivant des souvenirs évanescents, que les défauts de mémoire et tourments intimes altèrent. La fiction de la réminiscence y est rendue dans son essence, et ne prend sens que dans une autre fiction : celle de la couleur. Guidée par ses émotions, l’artiste efface, fend ou ajoute de la peinture, elle couvre partiellement une couche précédemment peinte ou la fait totalement disparaître. Et au travail du geste, le matériau ajoute le sien, avec pour résultat des contrastes énergétiques. Alors la lumière s’éteint par endroit, perce ailleurs, se compose sur la toile. Dans cet effacement quintessencié qu’induit l’abstraction lyrique, Pascale Morelot-Palu n’entend conserver que des traces – compréhensibles comme des métaphores de l’oubli. « La disparition des choses très présentes dans le passé me touche ». Et enfin, que voit-on ? Tous ces espaces lyriques irriguent notre imaginaire, ils ouvrent notre regard à la perception d’univers à priori  insoupçonnés. Ici le violet et l’orange semblent comme trouer un mur couvert de noir, là des traces déferlantes de noir et de bleu pourraient symboliser la pluie torrentielle et des bourrasques de vent, ailleurs les tonalités rouge-coquelicot, bleu-bleuet et jaune-rayon-de-soleil donnent une atmosphère printanière à l’ensemble. Dans la précarité maîtrisée, le temps est suspendu par cette peinture aboutie. EN ART Absolument